Aux jours de déception ou de déprime, certaines voix relativisent : « Rien de neuf sous le soleil » (Qo 1,9). Rien n’est moins sage ! Rien n’est moins rassurant non plus. Le printemps que pourtant nous attendons peut nous surprendre dans sa brusquerie ou ses lenteurs, et dans ses sautes d’humeur, tout comme la manière si souvent imprévisible de mûrir des jeunes qui nous sont confiés ; les élections rebattent les cartes politiques et les rapports de forces d’un monde aux multiples conflits sont en train de changer... Et qu’en est-il de nous-mêmes ?
Quand grandit en nous la conscience que nous sommes invités à « naître de nouveau » (Jn 3,7), comment nous inquiéter de ce qui germe, en nous et autour de nous, et qui va bouger, voire nous bousculer ? Dans notre recherche d’une vie à l’écoute et à l’école de l’Esprit Saint, Grégoire de Nysse promet que nous irons « de commencement en commencement par des commencements qui n’auront pas de fin... »
Dynamique secrète du monde. Rythme même de la vie. Nouveau commencement n’est pas re-commencement, ni éternel retour à la case départ, ni piétinement, ni routine. La victoire de Pâques ayant ouvert l’horizon d’un huitième jour dont les contours nous échappent, notre temps n’est plus cyclique, et ces commencements commencent dès aujourd’hui, ils sont l’aujourd’hui de Dieu, sans attendre la fin des temps et nourrissent notre confiance.
Sollicités par les événements, puissions-nous tous dire avec le père Carré, dominicain d’expérience : « Chaque jour je commence[1] », car l’Esprit a besoin de nous pour renouveler la face de la terre !
Sabine Laplane
[1] Titre d’un de ses livres paru en 1976 aux éditions du Cerf.