Dans l’esprit du Synode, comment accompagner la soif spirituelle des jeunes à Séoul ?
Pendant l’heure de Formation Humaine et Spirituelle, je demande aux jeunes : « Si vous rencontrez Dieu, ou un grand lettré, quelles questions voudriez-vous lui poser ? ».
Beaucoup d’attentes fusent, partagées dans la classe :
o Est-ce que vous êtes vrai ? Pourriez-vous réaliser mes souhaits ?
o Pourquoi m’avez-vous créé ?
o Pourquoi le mal existe-t-il ?
o Comment avez-vous passé des situations difficiles ou des dangers ?
o Avez-vous-vous des conseils à me donner ?
Il faut savoir accueillir aussi leurs doutes : « Où étais-tu dans les difficultés que j’ai traversées ? »
Il faudra bien une année scolaire pour tenter d’y répondre !
A la fête du lycée, nous accueillions des jeunes venant d’une région particulièrement pauvre du Cambodge, en vue d’un jumelage. Nos établissements portent le même nom, Xavier. Nous invitons coréens et cambodgiens, à créer une vie plus belle, comme François Xavier. Après avoir fabriqué et décoré des colombes en papier, ils expriment dessus leur message et leur engagement : Je veux accepter ceux qui sont différents de moi… Je veux être altruiste… Je veux que tous mangent à leur faim… je souhaite aimer… Et plusieurs se mobilisent au marché de Noël pour récolter des fonds pour ce nouveau lycée.
Pour être solidaire avec les malades, le professeur de SVT leur propose de participer au téléthon. Je suis dans l’admiration : dynamisme, enthousiasme, générosité dans le don de leur temps pour les préparatifs, créativité en décorant des gâteaux en forme de cellules ou de morceaux d’ADN, talents de communication pour sensibiliser à la recherche (ils ont créé un journal incluant reportage photos et interview). Quelle chance de pouvoir accompagner des jeunes !
Les lycéens chrétiens reçoivent des propositions ouvertes, et, pour éviter le simple recours à ce qu’on a toujours fait (« on a toujours fait comme ça »), les modalités sont ensuite définies avec eux :
- prier à la chapelle : Ils choisissent par 2 ou 3 de se retrouver à l’heure de leur choix, chaque semaine. Ils demandent à être en silence (en étant soutenus, s’ils le veulent, par une prière écrite ou un passage biblique). Ils viennent, et leur prière en attire d’autres.
- faire un camp retraite, une première pour eux. A l’arrivée au monastère, ils partagent pourquoi ils ont osé venir : « Pour connaître », « pour voir », « pour prendre du recul dans le tourbillon de nos vies ». Hyunjin, catéchumène, précise : « Jésus m’a invitée ». Là, un soir, nous regardons ensemble le film « Des hommes et des dieux » : pour être chrétien, il ne suffit pas d’être gentil. Pour vaincre le mal, et rester auprès des Algériens, les moines de Tibhirine ont offert leur vie à la suite du Christ. Nous pénétrons plus avant dans le mystère de l’Eucharistie.
- partager sa foi. Deux jeunes sont partants, puis 5 ou 6, catholiques et protestants, viennent à chaque rencontre. Je leur remets au début une feuille de route, avec un thème, une référence biblique, un témoignage, puis ils se retrouvent entre eux.
A chaque fois, il me faut miser sur l’audace de l’Esprit Saint qui les appelle et sur leur capacité à en appeler d’autres. Les soutenir par la prière et la logistique, leur donner de la subsistance pour la route. Les encourager, puis relire avec eux l’expérience, en lien avec leur vie. N’est-ce pas le cheminement des pèlerins d’Emmaüs ?
Emmanuelle Chenu