Communauté apostolique Saint-François-Xavier

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Table-ronde interreligieuse du 14 novembre 2011Eduquer à l'interreligieux

Dans l’esprit d’Assise, nous avons eu à Charles Péguy Paris 11° une table ronde interreligieuse le lundi 14 novembre. Le thème choisi était « Transmettre à nos enfants ce que nous croyons : pourquoi ? Comment ? ».

Raphy MarcianoRaphy Marciano, directeur du Centre communautaire juif de la rue Lafayette, explique que chaque génération , depuis  celle d’Abraham  à celle aujourd’hui, en fonction du contexte, vit la transmission de manière différente, l’essentiel étant de rendre l’héritage vivant, le grand danger étant de vivre dans la nostalgie du passé ! « Nous devons susciter le désir d’apprendre, de questionner, de comprendre », voilà notre rôle à nous les adultes pour accompagner la nouvelle génération et d’ajouter : « on ne transmet pas seulement ce que l’on sait mais ce que l’on est ». La famille a un rôle  éducatif fondamental, et Raphy dira lors du débat l’importance du shabbat en famille, pour « tracer les grandes lignes rouges » du respect de l’autre, de la reconnaissance de la différence et de l’engagement collectif. Mais la valeur suprême à transmettre, si possible, c’est celle de la « sainteté de vie », d’un  être créé à l’image de Dieu et appelé à vivre pleinement son humanité.

Frederic GautierFrédéric Gautier, directeur de l’Enseignement catholique de Paris, intervient ensuite. Pour lui la transmission est d’abord « une alchimie et un tri entre ce qu’il a reçu et ce qu’il a cru », entre le « nous » des parents, de l’école, et le « je » de chaque enfant. Comme père de famille, il insiste sur la valeur de l’exemple, l’expérience première. Comme chrétien, il témoigne  que la Parole de Dieu éclaire sa responsabilité éducative et que le Christ est un  modèle à l’image et ressemblance duquel la liberté peut se construire. « Tu quitteras ton père et ta mère » fait entendre la Bible  dès les premières pages; il faut donc tout faire pour que le « départ se passe bien » et éduquer nos enfants à la recherche du beau, du bon , du vrai! Et transmettre aux jeunes l’éminente dignité de la personne humaine : « ce que vous avez fait au plus petit de mes frères , c’est à moi que vous l’avez fait » ,dit  Jésus en Mt, 26, 40. Nous sommes donc faits pour l’amour  et pour celui qui croit, la vie éternelle est déjà commencée et l’on transmet pour préparer cette vie divine déjà en germe.

Raoudha Jmaiel , formatrice pour adultes et animatrice de l’association Initiatives et Changements qui prend la parole en tant que femme et mère de famille de confession musulmane. D’emblée, avec beaucoup de simplicité, elle pose la question : « Ai-je transmis des valeurs à mes enfants ? et comment ? » et elle répond : « oui je crois  que je leur ai appris le respect de l’autre, de soi et de Dieu ». Eduquer c’est apprendre à connaître l’autre différent de soi et cela passe par des choses très concrètes comme de participer aux fêtes religieuses des autres croyants. Eduquer ses enfants à être minoritaire au plan religieux en France, à bien vivre leur différence, sans l’occulter mais sans non plus se marginaliser, cela demande beaucoup d’ouverture et de désir de vivre avec les autres. C’est d’ailleurs l’engagement et le combat de Raoudha qui a choisi le tissu associatif pour s’intégrer et faire passer ses valeurs. « La meilleure manière de vivre sa foi, c’est d’être ouvert à l’autre. Ma religion est une vérité, elle n’est pas forcément la vérité de l’autre. » Il faut faire confiance, sans craindre pour sa foi, sa différence, et aimer son prochain différent.

Table-ronde interreligieuse du 14 novembre 2011: l'assembléeAprès ces trois interventions très personnelles et vraies , Dominique Paillard lance le débat  entre les intervenants et avec la salle. Impossible de tout transcrire de ces mots croisés , non sans humour et courtoise controverse,  mais seulement quelque perles glanées au passage :

- « L’essentiel, dans l’échange avec un jeune, c’est la question »

- « Aujourd’hui, dans la contexte de communautarisme, ce qui est le plus difficile, c’est l’à priori de bienveillance, seule condition d’un dialogue possible. »

- « Le plus difficile, dans une société laïque, c’est de garder sa foi dans ce que l’on croit, mais la République, en France, donne un cadre pour la dialogue interreligieux. »

- « Comment affirmer sa fierté d’être croyant avec des mots qui soient compris ? »

Nous avons aussi abordé des questions délicates comme les mariages mixtes et les réactions face aux  provocations religieuses toujours possibles, mais ce qui est certain c’est que les hommes et les femmes de foi et de dialogue ont quelque chose d’essentiel à transmettre, et que l’éducation civique et religieuse des jeunes (et des moins jeunes), est une réponse au défi du pluralisme religieux  de nos sociétés occidentales.

rencontres interreligieuses régulièresChaque trimestre, depuis 11 ans, des rencontres interreligieuses réunissent les lycéens qui le désirent autour d’un thème choisi et préparé avant la rencontre par les animateurs des trois groupes juif, chrétien et musulman. Le 25 novembre c’est en lien avec le 25ème anniversaire de la rencontre d’Assise  que nous avons lancé l’année : « Comme croyant, comment être force de paix, pèlerin de la vérité ? » Deux autres rencontres auront lieu le 10 février et le 11 mai.

Dominique Paillard, sfx, directrice

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